Le point sur l’encre végétale
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Avez-vous déjà vu de vieux parchemins datant du Moyen-âge ? Si tel est le cas, vous avez surement remarqué les belles enluminures qui bordent les pages ou qui ornent certaines lettres. Mais vous êtes-vous déjà demandé de quoi était constituées les peintures et encres utilisées ?
Hé bien à cette époque, la majeure partie des couleurs utilisées étaient constituées de pigments, comme ceux dont on a déjà parlé dans plusieurs articles (Les pigments : comment ça marche, Un pigment n’est pas une couleur), ou de colorants.
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Comment sont-ils obtenus ?
Ils sont extraits de végétaux, de minéraux ou même d’animaux. Aujourd’hui, nous nous intéressons aux colorants végétaux..
Encre végétale – Fabrication des colorants végétaux
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Le règne végétal est celui qui procure le plus de couleurs mais qui ont la particularité d’être très éphémères.
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La plupart des couleurs extraites des végétaux sont des colorants (à ne pas confondre avec les pigments). Ils sont obtenus grâce à la macération (ou décoction), puis à la cuisson de ces plantes. Le bain coloré obtenu est alors filtré, puis on y ajoute un mordant, c’est-à-dire un produit destiné à faciliter la teinture.
On pense que le mordant le plus utilisé à l’époque était la poudre d’alun (la même que celle utilisée pour fabriquer de l’encre violette), mais il est également possible d’utiliser de la lessive de cendre de châtaignier, de la crème de tartre, et même de l’urine !
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La couleur qui est ainsi obtenue était à l’époque conservée sur des morceaux de tissus. Étrange ? Pas tant que ça. Le principe est en fait très simple : on plonge le tissu dans la couleur, on attend que le tissu s’imprègne totalement, puis on le laisse sécher. Ces bouts de tissus sont appelés « piécettes ». Pour récupérer la couleur, il suffit de déposer une piécette dans un récipient avec un peu d’eau, et d’attendre qu’il rende toute la couleur.
Pour rendre l’encre plus épaisse, et donc lui donner du corps, divers produits peuvent être ajoutés comme de l’os de seiche pilé, de la craie ou si vous avez les moyens, de la poudre de marbre. Cette préparation, une fois décantée, séparée de l’eau et séchée, devient une « laque ». La couleur est en effet fixée à la poudre et bien que sa teinte soit plus claire, sa conservation est facilitée.
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Encre végétale – Quelques exemples
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Ancolie ou Iris – encre végétale bleue:
Avec ces fleurs qui sont à la base bleues ou violettes, on obtient un vert qui était surtout utilisé en enluminure. Le colorant de ces fleurs à l’avantage d’être simple et rapide à extraire.
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Bois de Brésil – encre végétale rose
Ce bois rouge était à l’époque importé d’Orient. Il produit un pigment rose, rose violacé ou rouge.
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Carthame – encre végétale jaune
Cette plante est une sorte de chardon qui se trouve dans le bassin méditerranéen mais également en Asie. Le colorant jaune obtenu à partir de la fleur de cette plante, est connu depuis l’Égypte ancienne déjà, et était également utilisé en Extrême Orient.
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Gomme-gutte – encre végétale jaune
Cette gomme de couleur jaune est produite par un arbre appelé le Garcinia Hanburyi, qui pousse en Asie. Pour l’utiliser comme pigment, il suffit de la broyer et de la diluer.
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Indigo – encre végétale bleu
Ce bleu, connu depuis le néolithique déjà, provient des feuilles d’un buisson appelé l’Indigofera. Il en existe plusieurs variétés dont certaines poussent en Inde, en Égypte mais également au Moyen-Orient.
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Noir de fumée – encre végétale noir
Ce noir de carbone est obtenu à partir de la suie produite lors de la combustion de bois résineux. Son utilisation est très courante partout dans le monde.
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Guède – encre végétale bleu pastel
Cette plante, connue depuis le néolithique, est celle dont on extrait le fameux bleu pastel. Elle a fait l’objet de cultures intensives durant le Moyen-âge en France mais elle est également répandue dans toute l’Europe, au Moyen-Orient et en Asie du sud.
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Sureau – encre végétale violette
Les baies du sureau produisent un colorant bleu ou violet selon les recettes qu’on emploie pour l’extraire. Le sureau se ramasse dans toute l’Europe.
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Tous ces ingrédients étant facilement trouvables, pourquoi ne pas tenter de réaliser votre propre colorant pour votre encre ? Sinon, attendez notre prochain article sur les pigments minéraux.
7 Comments
Le milieu de l’imprimerie a longtemps souffert d’une image de pollueur et l’on considérait les imprimeurs de manière très négative. Le problème dans tout ça, c’est la polémique déjà très médiatisée autour des plantations de palmiers, car l’huile de palme intervient dans la fabrication de ces encres végétales. pouvez vous m’en dire plus à ce sujet Marion ?
Cordialement, Geoffroy
dans combien d’eau bouillir la plante, et jusqu’a quelle saturation, on ajoute pas l »alchool apres ?
j’aimerai bien essayer ca au moin une fois
Beau design !
Vous dites que ces plantes étaient facilement trouvables !
Sachez qu’au moyen âge, ils coûtaient des fortunes car provenant de pays lointains. Ils étaient très rares et très chers.
cordialement
je connaissais pas ce blog C’est pas mal !
Je n’ai pas d’imprimantes à cause justement des prix des cartouches.
la majeure partie des couleurs utilisées été constituées ?!
la majeure partie des couleurs utilisées ÉTAIENT constituées